Bulletin Français d'Actuariat
Bulletin n°36 / vol. 19 / Janvier 2019 - Juin 2019 Le BFA sur internet
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Coût de la longévité en France : un éclairage à partir d’un échantillon de retraite supplémentaire

AMRANI B.; MPACKO PRISO A.


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Résumé



Sur un échantillon significatif en termes de taille, cet article montre qu’en nombre de décès, les tables réglementaires utilisées pour les opérations de rente (TGHF05) sont globalement plus prudentes que les données réelles révélées par notre échantillon. Elles anticipent un écart de mortalité de +1,36% par rapport notre échantillon. Il y a donc plus de décès constatés que ceux anticipés. Ce qui est a priori favorable à l’assureur. Cependant une analyse en termes de coûts financiers fournit un tout autre éclairage. Sur un portefeuille de retraite collective hétérogène, en moyenne sur 7 ans, le coût de longévité chaque année s’élève à 12 centimes pour un 1 euro de provision d’ouverture. Sur l’échantillon global plus diversifié avec plus de petites pensions, ce coût est réduit à 4 centimes. Ce travail confirme l’importante de la prise en compte du montant de la pension dans l’analyse de la longévité. Les rentiers à faible pension vivent moins longtemps que ceux à pension élevée. L’analyse des durées de vie des rentiers décédés par niveau de pension montre que les rentiers hommes dont la pension annuelle est supérieure à la moyenne (4 156 €) vivent plus de 4 ans par rapport à ceux qui touchent moins que la moyenne. Les résultats tirés de la construction des tables d’expérience confirment que les retraités à rente faible sont plus nombreux à mourir que les retraités à rente élevée. Cela conforte l’idée selon laquelle le risque de longévité est insuffisamment appréhendé lorsqu’il n’est analysé qu’à travers l’âge, le sexe et la génération de naissance. Par ailleurs, nous n’avons pas observé de phénomène d’anti-sélection sur le marché de la rente individuelle. Le choix d’acheter un produit de rente est davantage motivé par des raisons fiscales pour de nombreux assurés mais aussi par la volonté de constituer un complément de retraite dans la perspective de la baisse des pensions des régimes obligatoires.

Abstract

On a substantial sample of several thousands of people, this paper shows that anticipated deaths assessed from regulatory tables (TGHF05) are generally more cautious than observed ones. The tables anticipate +1.36% more deaths than counted deaths in our sample. Ex ante, this is good news for insurers. However, an analysis from financial costs perspective gives a different picture. Based on a seven years analysis from a heterogeneous portfolio, we find that the cost of longevity is 12 cents per year for a 1 euro opening provision. The cost is nevertheless reduced to 4 cents of 1 euro of opening provision over the most diversified global sample which contains more small pensions. Our work confirms that the amount of the pension is important and has to be taken into account in the longevity analysis. Pensioners with a low pension amount live less longer compared to those with higher pension. The analysis of the life span of dead annuitants by pension level shows that male pensioners whose annual pension is higher than the average pension (€4 156) live more than 4 years compared to those who earn less than the average. This finding reinforces the idea that the risk of mortality or longevity can’t only be understood through classical indicators, namely the age, the gender and the birth cohort. Other elements including the amount of pension, the lifestyles… have to be taking into account. Our research also confirms the absence of adverse selection in the market of individual pension in France. Indeed, the choice of buying the annuity relies on tax deduction for many annuitants but also on the desire to constitute a retirement supplement in connection with the decrease of the amount of pension of mandatory regimes.