Bulletin Français d'Actuariat
Bulletin n°24 / vol. 12 / Juillet 2012 - Décembre 2012 Le BFA sur internet
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L'effet moisson : l'impact des catastrophes vie sur la mortalité à long terme

IZRAELEWICZ E.


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Résumé



Les catastrophes vie sont devenues une préoccupation importante des assureurs depuis une dizaine d’années, allant de pair avec l’augmentation des catastrophes naturelles meurtrières, des alertes pandémiques récurrentes, et sa prise en compte explicite dans la future réglementation prudentielle Solvabilité II. La valorisation du risque de catastrophe vie s’appuie traditionnellement sur une modélisation « fréquence – sévérité » du choc de mortalité en considérant qu’il n’a aucune conséquence sur l’évolution tendancielle de la mortalité à long terme. Cet article montre que sur l’ensemble des victimes de la canicule de l’été 2003 en France, plus de 2/3 avaient une espérance de vie résiduelle d’une année et étaient destinées à disparaître en 2004, année caractérisée par un déficit important de décès, la sous-mortalité se prolongeant jusqu’en 2007. Ce phénomène est connu sous le nom d’’effet moisson en épidémiologie, c’est l’hypothèse selon laquelle des événements exceptionnels (pics de pollution, fortes chaleurs,….) affectent prioritairement les individus les plus fragilisés qui seraient décédés dans les semaines ou les mois suivants. La mise en évidence d’effets moisson a fait l’objet de nombreuses publications en épidémiologie, mais il est toujours mesuré sur le court terme, l’effet moisson de long terme étant très peu documenté. Les assureurs gérant le risque viager sur le long terme, la prise en compte des déplacements de mortalité ouvre de nouvelles perspectives dans la gestion du risque catastrophe vie (valorisation, simulation, véhicules de transfert de risque).

Abstract

Life catastrophes become an important concern for insurers this last years, with the increase of the murderous natural disasters, the recurring pandemic alerts, and the impacts on the future prudential Solvency II regulation. The valuation of life catastrophe risks leans usually on a mortality shock based on a « frequency – severity » approach by considering that it has no consequence on long-term mortality trend. This paper shows that among all the victims of the summer 2003 heat wave in France, more than 2/3 had a residual life expectancy of one year and were intended to disappear in 2004, year characterized by an important deficit of deaths, the sub-mortality going on until 2007. This phenomenon is known as harvesting effect in epidemiology, it is based on the assumption that exceptional events (air pollution, strong hot season…) affect in priority the most weakened individuals who would have died in the following weeks or months. A large body of literature in epidemiology has shown harvesting effects, but it is always measured on the short term, there are only a few studies about long-term harvesting effect. As insurers managing life risk on the long term, the consideration of mortality displacement opens new perspectives for catastrophe life management (valuation, simulation, reinsurance arrangements, cat bonds…)