Rapprochement des concepts de la Valeur Intrinsèque et du Capital Economique en Assurance Vie

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Domaine(s)Mémoire
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Type de document Mémoires
sociétéTILLINGHAST
Auteur(s) HENGE F.
Numéro
Date de référence 09/30/2006

Résumé


Toute compagnie d’assurance doit pouvoir évaluer au plus juste sa richesse et son potentiel. Ceci constitue en effet un point essentiel pour le pilotage de sa gestion, que ce soit pour améliorer sa compétitivité (identifier les facteurs qui vont être créateurs ou destructeurs de la valeur) ou pour évaluer sa solvabilité. Mais il importe également de pouvoir diffuser des informations rigoureuses aux différents protagonistes du marché (comme les investisseurs, les superviseurs, les analystes,..) dont l’objectif est de se forger une opinion fiable sur la santé financière et la performance de la société.

Pour ce faire, la compagnie doit disposer d’outils capables de retracer la réalité des aspects économiques et financiers, et de tenir compte de l’ensemble des risques qu’elle supporte. Il s’agit notamment d’adopter des approches qui soient conformes avec les évolutions actuelles de la réglementation. Celles-ci se traduisent par la création d’un référentiel comptable commun, fondé sur le principe de juste valeur ou « Fair Value » (les normes IFRS), et par une réforme du système de solvabilité qui vise une approche intégrée des risques (le projet Solvabilité II). Les actifs et les passifs doivent donc être évalués à leur valeur économique, c’est-à-dire suivant des valeurs cohérentes avec le marché. Or, il se pose ici un problème d’évaluation, car, il n’existe pas à proprement parlé de valeur de marché pour les passifs d’assurance, en l’absence de marché liquide correspondant. Tout va donc dépendre des méthodologies appliquées par les compagnies dans la détermination d’indicateurs de performance ou d’exposition aux risques.

Pour mesurer la performance et la création de la valeur, une compagnie d’assurance vie s’appuie sur le concept de Valeur Intrinsèque ou d’Embedded Value (EV). L’EV correspond au prix théorique qu’un investisseur extérieur serait prêt à payer pour acquérir l’ensemble de la compagnie. Différentes techniques d’évaluation existent : la méthode traditionnelle déterministe et les méthodes stochastiques comme l’European Embedded Value (une EV calculée selon les normes du CFO Forum, groupement des directeurs financiers issus des plus importantes compagnies d’assurance et de réassurance européennes) ou la Market-Consistent Embedded Value (une EV cohérente avec les valeurs de marché). Mais seule une modélisation stochastique est susceptible de capturer la volatilité des phénomènes intervenant dans la valorisation d’un portefeuille de contrats d’épargne (en particulier pour l’évaluation des coûts liés aux options et aux garanties financières).

Pour mesurer l’exposition au risque, une compagnie d’assurance vie fait appel au concept de Capital Economique (EC) qui se définit comme le montant de capital nécessaire pour couvrir les engagements envers les assurés selon un critère de risque défini a priori et un horizon temporel spécifié. Son calcul est réalisé à partir de simulations stochastiques et du niveau de risque que la société est prête à accepter. L’EV et l’EC sont donc deux notions censées traduire la position financière d’une compagnie d’assurance vie. Nous pouvons toutefois constater que, dans la pratique, leur détermination est souvent réalisée par des équipes différentes : l’EV est en général calculée à l’inventaire, tandis que l’EC est plutôt évalué par le service de gestion Actif/Passif. L’objectif de ce mémoire est donc de définir s’il existe une certaine synergie entre les concepts d’EC et d’EV (sur la base d’une Market-Consistent Embedded Value qui semble l’EV la plus à même à retracer une image fidèle de la compagnie et la plus cohérente avec les exigences de la réglementation).

Pour ce faire, nous nous familiarisons d’abord avec les concepts en présence. Puis il s’agit d’étudier si les calculs et les résultats peuvent être rapprochés, à partir d’une application pratique sur un portefeuille type de contrats d’épargne en euros (qui requiert notamment la génération et la validation de scénarios économiques). Nous considérons alors différents facteurs qui peuvent influencer la valeur de l’EV et de l’EC, ce qui nous permet de montrer l’existence d’une certaine convergence entre les résultats : malgré un raisonnement différent, nous observons que nous aboutissons à des conclusions analogues concernant la perception des risques auxquels la compagnie est confrontée.

Ainsi, l’EV (stochastique) et l’EC se rejoignent et permettent de disposer d’indicateurs cohérents, capables de retracer le profil de risque d’une compagnie d’assurance vie et de fournir des informations pertinentes quant à son potentiel. Ils participent donc activement à la gestion des risques d’entreprise, puisqu’ils permettent de disposer d’un outil de pilotage performant capable de gérer les interactions qui existent entre le risque, le capital et la valeur.

Abstract

Every insurance company needs to be able to value its wealth and potential as accurately as possible. This is an essential point for its management, notably to improve competitiveness (by identifying factors which are going to create or destroy value) or to estimate solvency. Furthermore, it is also important to be able to communicate accurate information to the market’s various stakeholders (investors, supervisors, analysts,…). The objective is to allow them to build up reliable opinions of the financial health and performance of the company. To achieve this, the company must have tools capable of taking into account economic and financial factors, together with the level of risk to which the company is exposed. Notably it is a question of adopting approaches which are in accordance with current regulations. These approaches are translated by the creation of a common accounting repository, based on the principle of "Fair Value" (IFRS standards), and by a reform of the solvency system which aims towards an integrated risks approach (the Solvency II project). Thus, assets and liabilities must be estimated at their economic value (i.e. market consistent values).This creates a valuation problem because in the absence of a corresponding liquid market, a market value for liabilities does not exist. Therefore, everything will depend on the methodologies applied by the companies in the determination of performance and risk exposure indicators.

To measure its performance and change in value, a life insurance company leans on the concept of Embedded Value (EV). The EV corresponds to the theoretical price which an external investor would be ready to pay to acquire the company. Various valuation techniques exist: the traditional deterministic method, stochastic methods such as European Embedded Value (an EV calculated according to the CFO standards; the CFO Forum is a group of Chief Financial Officers drawn from major European insurance and reinsurance companies) and the Market-Consistent Embedded Value (an EV consistent with market values). However, only a stochastic valuation method can capture the volatility of a portfolio of saving contracts (in particular for the evaluation of the costs of options and financial guarantees).

To measure its risk exposure, a life insurance company appeals to the concept of Economic Capital (EC) which is defined as the amount of capital necessary to cover the insurer’s financial commitments to its policyholders using a pre-defined risk criterion over a specified temporal horizon. Starting with stochastic simulations and the level of risk which the company is willing to accept, its calculation is carried out. Thus, both the EV and the EC are concepts which are supposed to indicate the financial position of a life insurance company. We can however note that, in practice, their determination is often carried out separately: the EV is generally calculated by the inventory, while the EC is usually calculate by the Asset/Liabilities management service.

The aim of this document is to determine whether there is a certain synergy between the concepts of EC and EV (on the basis of a Market-Consist Embedded Value which seems to be the best valuation method of obtaining a representative image of the company while adhering to regulation). With this intention, we initially familiarise ourselves with the concepts involved. Afterwards it is a question of examining whether the calculations and the results can be brought together. Starting from a practical application on a standard portfolio of saving contracts in euros (which in particular requires the generation and the validation of economic scenarios), we then consider various factors which can influence the value of the EV and the EC. This allows us to show the existence of a certain convergence between the results: despite a different reasoning, we observe that we arrive at similar conclusions concerning the perception of the risks to which the company is exposed.

Thus, the EV (stochastic) and EC converge, making it possible to obtain coherent indicators which are able to identify the risk profile of the company and provide accurate information regarding its potential. Thus the EV and the EC actively take part in the risk management process of a life insurance company, since they make it possible to have a powerful management tool capable of managing the interactions which exist between risk, capital and value.

Mémoire complet

>Memoire.pdf

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